reparentage [poème]

mon corps me connaît

même quand m’en déconnecte 

il me tisse une carapace,

(une cotte de mailles de cortisol)

me permet de couler tranquillement au fond de moi

et de me décrocher de toute mon humanité 

plus rien ne me touche

je sème tout mon mal

et les fleurs de peau poussent enfin

je navigue dans le néant

je me laisse sentir tout

je reçois sans prendre

une mer de technicolor débordée

me lave, me remplit, me vide

je ne peux guère imaginer le morcellement

qui m’a désemparé, qui a volé mon identité

alors je rembobine jusqu’à faire face

au début du mythe de moi

je me déplie et j’observe

les choses que l’enfant en moi

n’a jamais pu comprendre

je m’empare de tout ce qui ne me sert plus

le sang fétide de l’autrui

ces plaies mal guéries

qui ont longtemps assombri mon seuil

une trace cloisonnée, pardonner sans oublier ;

je me dépasse, je suis immense

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