mon corps me connaît
même quand m’en déconnecte
il me tisse une carapace,
(une cotte de mailles de cortisol)
me permet de couler tranquillement au fond de moi
et de me décrocher de toute mon humanité
plus rien ne me touche
je sème tout mon mal
et les fleurs de peau poussent enfin
je navigue dans le néant
je me laisse sentir tout
je reçois sans prendre
une mer de technicolor débordée
me lave, me remplit, me vide
je ne peux guère imaginer le morcellement
qui m’a désemparé, qui a volé mon identité
alors je rembobine jusqu’à faire face
au début du mythe de moi
je me déplie et j’observe
les choses que l’enfant en moi
n’a jamais pu comprendre
je m’empare de tout ce qui ne me sert plus
le sang fétide de l’autrui
ces plaies mal guéries
qui ont longtemps assombri mon seuil
une trace cloisonnée, pardonner sans oublier ;
je me dépasse, je suis immense